Le peintre et son modèle 2 ou LE NU
Le peintre et son modèle fascinent.
Une femme pose nue dans un atelier. Seul le peintre l'observe et la peint. Ce tête à tête intimiste s'établit pour une œuvre commune : le tableau. C'est ce but partagé qui règle le travail entre l'artiste et son modèle.
Tout autre rapport ambigu est malvenu. Et à défaut, la sanction est rapide : un modèle ne mettra plus les pieds dans un atelier d'un peintre, ou prétendu tel, qui aurait des intentions déshonnêtes.
Ce tableau est resté sur le chevalet une partie de l'année 2015. Je l'ai fini en septembre.
C'est le même modèle, Nadia, qui a posé pour les deux corps. Avec beaucoup d'intelligence, elle m'a aidé à trouver les attitudes complémentaires pour avoir une belle composition sinueuse et vigoureuse, en écho aux plis des drapés. Il m'a fallu cinq ou six séances d'une journée car je ne peins pas d'après photo.
, la présence de Nadia n'était pas nécessaire. Un dispositif m'a permis de les peindre tranquillement à l'atelier, comme n'importe quelle nature morte.
Le crâne, quant à lui, a bien posé aussi...
L'art des draperies.
"...On dit en terme de Peinture, jeter une draperie pour dire habiller une figure, & lui donner une draperie. Ce mot de jeter me parait d'autant plus expressif, que les draperies ne doivent point être arrangées comme les habits dont on se sert dans le monde ; mais qu'en suivant le caractère de la pure nature, laquelle est éloignée de toute affectation, les plis se trouvent comme par hasard autour des membres, qu'ils les fâssent paraitre ce qu'ils sont ; que par un artifice industrieux, ils les contrastent en les marquant, & qu'ils les caressent, pour ainsi dire, par leurs tendres sinuosités, & par leur mollesse..." L'idée du peintre parfait Roger de Piles 1715
Gustave Courbet a peint deux chefs-d’œuvre représentant deux femmes ensemble (je les ai regardé de près encore récemment). Il a fait le choix de les représenter alanguies et sensuelles. L’interprétation en est donc aisée...
..."L'Académie de Paris tient tous les jours après-midi, pendant deux heures, Ecole publique, où les Peintres vont ou dessiner, ou peindre un modèle ; & les Dessins que l'on tire d'après lui, posé dans différentes attitudes, se nomment Académies"...1761, Page intérieure de "l'Etat ou Tableau de la Ville de Paris" (Tirée du livre "Peindre à Paris au XVIII° Siècle" par Jean Chatelus).
..."Vanité des vanités, disait l’Ecclésiaste. Vanité des vanités, tout est vanité! Quel profit l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil? Une génération s’en va, une génération arrive, et la terre subsiste toujours. Le soleil se lève, le soleil se couche; il se hâte de retourner à sa place, et de nouveau il se lèvera.
Le vent part vers le midi, il tourne vers le nord; il tourne et il tourne, et il recommence à tournoyer. Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’est pas remplie; dans le sens où vont les fleuves, les fleuves continuent de couler. Tout discours est fatigant, on ne peut jamais tout dire. L’œil n’a jamais fini de voir, ni l’oreille d’entendre. Ce qui a existé, c’est cela qui existera; ce qui s’est fait, c’est cela qui se fera; il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
Y a-t-il une seule chose dont on dise: «Voilà enfin du nouveau!» – Non, cela existait déjà dans les siècles passés. Seulement, il ne reste pas de souvenir d’autrefois; de même, les événements futurs ne laisseront pas de souvenir après eux"...
livre de Qohèleth 1, 2-11