André FRANQUIN. Deuxième tableau terminé.
Mon hommage à l'incomparable dessinateur qu'est André Franquin se prolonge par ce second tableau de format similaire au premier (Voir l'article suivant, et la photo ci-dessous).
Ce premier tableau est une bonne synthèse des créations du génie de Franquin. J'y ai mis ses plus grandes réalisations : Gaston Lagaffe, Spirou et Fantasio, Le Marsupilami, Modeste et Pompon, Noël et L'Elaoin, ses monstres "à" Franquin, les "idées noires", son plaisir de dessiner les voitures, etc.
Mais tout n'y est pas.
Me chagrinait le fait de n'avoir pas mis, par exemple, la pétillante Seccotine, bourrée de charme et d'humour, dont la traversée de la ville au début de l'album "le nid de Marsupilami" est un bijou d'humour.
C'est donc sous la forme d'une statuette - inventée, c'est une statuette de la Castafiore qui m'a servi de modèle
- que la sémillante Seccotine figure dans le tableau. Une autre statuette est présente dans le tableau : le maitre lui-même, André Franquin, statuette inventée elle aussi mais d'après le capitaine Haddock...!
On aperçoit Sibylline sous le capot de la voiture. Franquin adorait cette série de Macherot. Ce dessin est la couverture du numéro 1196 du journal Spirou daté du 14 9 1972. C'est encore l'âge d'or de la BD franco/belge. A cette époque Franquin est l'âme du périodique. Il a arrêté Spirou et Fantasio, continue Gaston Lagaffe, (mais ce sera de plus en plus difficile pour lui), et, corvéable à merci, dessine beaucoup de dessins additionnels dans le journal et notamment les bas de couverture. Ces dessins de bas de page sont nombreux et magnifiques et les éditions Dupuis prévoit un livre les regroupant. Sur mon tableau il y en a deux : le rat, caricature superbe, et les points d'exclamation et d'interrogation, dont Franquin avait eu l'idée de faire des personnages à part entière.(Respectivement numéro 1796 du 14 2 1974 et numéro 1792 du 17 8 1974 du journal Spirou).
En plus de Macherot un autre dessinateur est présent dans le tableau, et pas des moindres - Franquin le classait dans les meilleurs du monde, et à raison - c'est Giraud/Moebius.
Le dessin de Giraud a beaucoup de sens et à plusieurs niveaux :
1° d'abord il représente Jijé et Franquin dont les rapports amicaux ont été, excusez du peu, à l'origine de l'âge d'or de la BD belge et française créant avec Morris et Will les héros inoubliables que sont Lucky Luke, Tif et Tondu, Spirou et Fantasio, le Marsupilami, Jerry Spring, etc.
2° d'autre part il fait allusion au voyage devenu fameux de Morris, Franquin, Jijé et sa famille aux Etats-Unis et au Mexique.
3° les deux portraits sont un décalque des personnages de Jijé, à savoir Jerry Spring et Pancho. (Reportez-vous à la belle édition de l'intégrale en N&B chez Dupuis et admirez le talent de Jijé - un jour je ferais un tableau sur lui).
4° En arrière main on sent les ombres de Sancho Pancha et de Don Quichotte.
5° enfin Michel Giraud a appris une part non négligeable de son vocabulaire westernien avec Jijé, dans l'atelier de celui-ci, en France, à Draveil (77), en bordure de la forêt de Sénart, à Champrosay, où, pour l'anecdote (Jijé, tout comme Franquin, adorait la peinture), le peintre Eugène Delacroix avait son atelier campagnard. Les similitudes entre Jerry Spring et Blueberry sont flagrantes.
Ah, voici deux aspects de Franquin que résume cette couverture de livre.
Premièrement il adorait dessiner les animaux, il
- de toute façon tout ce qu'il touchait acquerrait un charme incroyable, d'où un bestiaire superbe de l'écureuil au crocodile, en passant par le chat, le percheron, etc, etc.Deuxièmement, sa gentillesse légendaire qui le faisait accueillir chez lui tous les jeunes enfants, adolescents, adultes qui sonnaient à sa porte pour le voir et l'interroger. D'où l'idée de regrouper toutes les interviews acccordées à tous ceux-là dans un même livre.
Panade à Champignac est le chant du cygne de Franquin à la série Spirou et Fantasio. Il a de plus de plus de mal à dessiner les aventures du groom. Il avait sérieusement coincé pour QRN sur Brezeltburg (arrêt en pleine parution dans le journal de spirou pendant plus d'un an, du 28 décembre 1961 au 11 avril 1963), et ressent comme une côte mal taillée ces deux personnages qu'il n'a pas créés. A ce vieux compagnon de route qu'est Charles Dupuis, Franquin ne refuse rien et reprend la plume pour cette dernière aventure. Elle sera si loufoque et burlesque qu'elle est considerée comme volontairement parodique et satirique.
Cet album regroupe les deux histoires préférées de Franquin : "Panade à Champignac" donc et le chef-d'oeuvre de cocasserie qu'est "Bravo les brothers".
Ici, c'est le deuxième album des idées noires. "Du Gaston trempé dans la suie" dira Franquin-stein.
Et, in fine, le tableau au tout début,
Bon, c'est pas que je m'emmerde, mais il faut que j'aille relire mes vieux "Spirou".
Salut à ceux qui pleurent.
Exposition Franquin, ("GASTON, au-delà de Lagaffe" - musée Beaubourg, BPI du Centre Pompidou à Paris). Spirou et Fantasio, Marsupilami, crayonnés par Franquin et dessinés par Batem, le Zantajet, Zantasio, Spirou et les héritiers.